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Le lien d’attachement: bien s’attacher pour mieux se détacher

Devenir maman, c’est tout un bouleversement!
Et nous voilà, souvent surprises par la puissance du lien qui nous unit à notre enfant.

Avec la magie d’une naissance, arrive également tout son lot de questionnements : la maman se demande souvent si elle s’occupe bien de son bébé et a parfois du mal à s’écouter, à suivre son instinct. Cet instinct qui lui souffle de rester « collée » à ce bébé qu’elle vient de mettre au monde…

Et lorsqu’elle le suit, elle n’est jamais à l’abri des : « Quoi, encore dans tes bras ? Tu vas en faire un enfant gâté ! », « Laisse-le pleurer ! », « Il doit apprendre à s’endormir tout seul »…

Ces remarques vous rappellent quelque chose, sans doute ?

En effet, on est en droit de se demander pourquoi notre société voudrait que l’on se détache très vite de cet enfant qui vient de naître, alors que la maman, bien souvent, ressent profondément la nécessité pour lui d’être contre elle (mais aussi son propre besoin de proximité avec son bébé).

Imaginez cette bulle feutrée qu’est le ventre d’une maman, où ce petit être vient de passer 9 mois bien à l’abri ! Et voilà qu’à la naissance, il débarque dans un monde qui n’est que bruit, lumière et sensation de vide. Privé de l’enveloppe maternelle, le bébé perd alors tous ses repères. Imaginez maintenant son stress et son angoisse !

Quels sont alors les besoins du nouveau-né ?

Un bébé a besoin de s’attacher, tout autant que de se nourrir. Il s’agit d’un besoin primaire et physiologique.

Ce besoin a été illustré, entre autres, par les expériences menées en 1958 par un psychologue américain Harry Harlow. Lors d’une série d’études, il a démontré l’importance du contact physique entre la mère et l’enfant chez le singe. Le principe était de séparer les nouveau-nés de leurs mères et de les placer après plusieurs semaines d’isolement, en présence de deux statues représentant des guenons, l’une en grillage simple, mais fournissant du lait, l’autre recouverte d’un tissu dégageant de la chaleur. Les petits passaient quinze fois plus de temps auprès du substitut doux et chaud qu’auprès du substitut nourricier. Les résultats mettaient en évidence l’importance du bien-être par le contact physique dans le développement des réponses affectives.

Cette expérience s’est opposée à l’interprétation la plus courante de l’époque qui, sans renier le rôle du contact physique, donnait une importance primordiale à la fonction alimentaire.

Ce qui a d’ailleurs été pendant longtemps le regard porté sur le nourrisson, tel un simple « tube digestif » destiné à être nourri et à dormir, sans autres besoins pendant ses premiers mois.

En s’appuyant sur ces études, John Bowlby, psychiatre britannique, établit alors sa théorie de l’attachement, et plus spécifiquement celui de la relation mère-enfant.

Pour lui, les besoins fondamentaux du nouveau-né se situent au niveau des contacts physiques : son principe est qu’un jeune enfant a besoin de développer une relation d’attachement avec au moins une personne qui prend soin de lui de façon cohérente et continue, en général sa maman, pour connaître un développement social et émotionnel normal.

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(Visuel issu de l’article « Coup d’oeil sur l’attachement » publié par l’Institut Universitaire Jeunes en Difficulté de Montréal).

L’attachement devient alors une condition à l’épanouissement de l’enfant. La mère ou toute autre figure de référence constitue ainsi une base de sécurité pour ce dernier.

 

Le bébé est un explorateur né: tout l’intéresse, l’attire, stimule sa curiosité. En revanche, ce challenge de l’exploration le confronte à de nouvelles sources de détresse et d’alarme: l’impuissance, la frustration, la colère, l’éloignement de sa figure d’attachement, la peur devant l’inconnu. L’assurance que sa figure d’attachement est là en cas de besoin lui permet de construire un équilibre flexible entre besoins d’attachement et besoins d’exploration: il va l’utiliser comme une base de sécurité dont il s’élance, tranquillisé, à l’exploration du monde et comme un havre de sécurité vers lequel il revient en cas de détresse, pour en repartir aussitôt qu’il est consolé, dessinant ce qu’on appelle le cercle de la sécurité.

(Journal des Professionnels de l’Enfance, janvier-février 2009)

 

Le sentiment fondamental de sécurité que crée un lien solide entre parents et enfant donne à ce dernier les moyens de découvrir son univers et d’exploiter au mieux ses capacités physiques, mentales et spirituelles.

C’est pourquoi il est primordial pour l’enfant, et pour le bébé spécifiquement, de pouvoir s’attacher de manière sécurisante et rassurante, afin de prendre confiance en lui et le monde qui l’entoure, pour ainsi devenir autonome.

N’imaginez pas que ce petit être est capable de grandir seul, de comprendre seul ce qui l’entoure, dès les premiers jours.

Vous êtes son point d’ancrage, c’est de vous dont il a besoin, surtout pendant ces premiers mois qui passent tellement vite. Alors n’hésitez pas à le câliner, à le bercer, à le garder contre vous, à le porter, à le rassurer !

9 mois dans le ventre, 9 mois sur le ventre !
Ce n’est que comme ça que le lien entre vous et votre bébé se fera et se renforcera.

En faire un enfant capricieux? Non!

En faire un enfant bien dans sa peau? Certainement!

Il s’agit donc de bien s’attacher avant… de pouvoir se détacher !

 

Pour aller plus loin:.

Relations parents-enfants: le fondamental instinct d’attachement selon John Bowbly

S’attacher pour mieux se détacher

5 réponses

  • Coucou Karine.
    Je lis religieusement chacun de tes articles et j’avoue que c’est un plaisir renouvelé à chaque fois.
    Sources d’informations, ils m’apprennent ou me rappellent des principes évidents pour ma poupée.
    Bonne continuation, bisous, R David.

  • Magnifique article qui explique bien des choses que l’on ne comprend pas forcément tout seul.
    Merci de nous aider à comprendre un peu mieux les pleurs de nos bébés et de nous rassurer en nous expliquant qu’ils ont vraiment besoin de nos bras et qu’à cet âge (mon bébé a pile 1 mois) on ne fait pas de caprice mais que c’est un réel besoin (certes quand même très fatiguant pour la maman surtout quand elle a aussi d’autres enfants à s’occuper) pour ce petit être.

    • Merci pour votre retour Rachel!
      En effet, même si ce sont des choses qu’une maman perçoit instinctivement, c’est toujours intéressant de montrer, études à l’appui, que cette forte demande du bébé est une réalité à laquelle il est nécessaire de répondre. Du coup, ca conforte la maman qu’elle fait bien de beaucoup prendre son enfant dans les bras, même quand c’est exigeant en temps et disponibilité.

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