Parmi les nombreuses inquiétudes des mamans avant d’allaiter (et même pendant !), celle d’une quantité insuffisante de lait est la plus courante.
En tant que marraine d’allaitement, j’accompagne, conseille et soutiens les mamans qui font le choix d’allaiter. Je parle ici de soutien car en dehors les conseils techniques liés aux différentes positions pour allaiter son enfant, aux douleurs éprouvées ou à la succion du bébé, il faut également RASSURER ces mamans.
Vais-je avoir suffisamment de lait ?
Suffit-il à couvrir les besoins de mon bébé ?
Mon lait est-il assez nourrissant ?
Autant de questions auxquelles il est important d’apporter des réponses. Pour commencer, je vais aborder la question du volume de lait fabriqué par la maman : en effet, trop souvent, on entend des mamans dire qu’elles ont dû mettre fin à leur allaitement car elles n’avaient pas assez de lait.
La raison de l’arrêt de l’allaitement ? Leur bébé ne grossissait pas suffisamment… Et là, la maman immédiatement (et souvent « encouragée » dans ce sens par son entourage) énonce la fameuse et insidieuse affirmation : « Je n’ai pas assez de lait ».
Rappelons quand même que les courbes de poids des carnets de santé sont des courbes de poids correspondants à des bébés nourris au lait en poudre, et ne doivent pas servir de référence pour des bébés allaités au sein qui ont une croissance pondérale différente !
Vous trouverez ici en lien les courbes de l’OMS pour les bébés allaités de 0 à 2 ans: filles / garçons.
Pour comprendre cette notion de volume de lait fabriqué, il faut saisir le fonctionnement de la lactation (phénomène complexe que je vais simplifier ici):
- Considérons les glandes mammaires comme des réservoirs ou comme des unités de stockage. Et pour que ces unités de stockage se remplissent, il faut d’abord qu’elles soient vidées. (Par conséquent, à petites glandes mammaires, petits stockages donc repas plus fréquents pour le bébé de cette maman qui recevra néanmoins sa « ration » quotidienne, mais en plus de fois qu’un bébé dont la maman a un volume plus important. Les mamans avec des petites poitrines allaitent ainsi tout aussi bien que les autres !).
On peut aussi visualiser ces glandes comme des éponges : plus elles sont essorées, plus elles se gorgent d’eau. Donc un sein vidé correctement se remplira à nouveau correctement.
- Si la lactation est ainsi fonction de la demande (fréquence des tétées et drainage du sein) elle dépend aussi de la stimulation du sein. Cela sous-entend que si le bébé n’a pas une succion suffisamment efficace, le sein ne sera pas correctement stimulé et la maman ne fabriquera pas le volume de lait nécessaire à nourrir son enfant.
Cela fonctionne sur le principe de l’offre et de la demande. Plus la demande est forte, plus l’offre suit !
Lorsqu’un bébé ne grossit pas assez, quand une maman a cette sensation de « pas assez de lait », ou tout du monde pense ne pas en avoir assez, la première des choses à faire est de s’interroger sur la pratique de l’allaitement de cette maman et/ou sur la succion de ce bébé.
Ensuite, corriger ce qui fait défaut en informant la maman sur le fonctionnement de la lactation et l’importance de respecter la demande du bébé en termes de rythme des tétées.
Un bébé qui a un accès non restreint au sein prendra du poids (sauf pathologies bien particulières et plutôt rares).
Je précise également que le volume de lait fabriqué et sa qualité ne dépend pas de l’alimentation de la mère. Par exemple, dans les pays pauvres où les femmes se nourrissent nettement moins que les femmes occidentales, la lactation est une fonction qui reste longtemps maintenue, même si ces mamans ne mangent pas à leur faim. Ce qui est très important du reste car le lait qu’elle fabrique est le principal apport alimentaire de qualité pour leur enfant.
Il est aussi utile (dans un prochain article peut-être 🙂 ?) de signaler les pics de croissance (vers 3 jours, 3 semaines et 3 mois, en résumé) qui peuvent être très décourageants quand on n’est pas au courant de leur survenue normale : du jour au lendemain, on a l’impression qu’on n’a plus assez de lait, car bébé réclame plus, plus souvent… cela dure 2-3 jours et puis la lactation s’adapte, mais si on ne s’y attend pas, ça peut faire baisser les bras (j’ai pas mal d’amies qui ont arrêté un allaitement à cause de ces périodes de transition un peu plus compliquées de l’allaitement, cela les décourageait et stressait trop d’avoir l’impression de ne plus être capable de nourrir leur bébé convenablement)
Merci pour votre remarque! Vous avez tout à fait raison de signaler ces fameux pics de croissance qui, si on n’en connait pas le principe, affole les mamans.
Et ça vaut largement la peine d’y consacrer un article (au boulot donc !)