Comprendre son bébé, c’est comprendre qu’il déménage et qu’il emmène dans ses cartons les souvenirs de sa vie intra-utérine.
Dans mon article précédent Mon bébé dans tous les sens ! j’ai expliqué que lors de la grossesse, le bébé développait ses sens, et acquérait tout un tas de compétences qui lui seraient nécessaires pour s’adapter à son nouvel environnement.
Pour la maman, on parle d’accouchement mais pour le bébé, la naissance représente un déménagement.
Il quitte l’enveloppe maternelle, un lieu qu’il connaît pour un autre qu’il ne connaît pas, et dont il ignore le mode de fonctionnement.
Quand on déménage, on fait des cartons et on emmène avec nous les fondements de notre vie, nos souvenirs.
Dans ses cartons de déménagement, le bébé emmène ses compétences sensorielles pour s’attacher et pour découvrir le monde dans lequel il arrive. Ce sont ses uniques repères.
Dès lors, notre rôle de parents est de permettre au nouveau-né d’évoluer dans un environnement sensoriel rassurant, au plus proche de ses repères acquis pendant la grossesse. Cela passe en grande partie par la mère (pour des raisons essentiellement biologiques) surtout les premières semaines.
Vous le prenez dans vos bras ? Vous l’enveloppez (sensation de contact et de chaleur partout sur son corps, comme dans le ventre), vous le rassurez (il se remet souvent en position fœtale), il entend votre cœur qui bat ou votre voix qui lui murmure, il reconnaît votre odeur et il vous voit (le bébé voit clairement à partir de 17 à 30 centimètres, distance à laquelle il se trouve quand vous le tenez dans vos bras) !
Vous l’allaitez ? Encore du contact, à nouveau les battements de votre cœur ou des vibrations connues à travers la peau, l’odeur du lait maternel se rapprochant de celle plus atténuée du liquide amniotique, le goût du colostrum (liquide jaune et épais qui précède la montée de lait chez une femme qui vient d’accoucher) salé et chaud, se rapprochant également du goût du liquide amniotique et regards échangés à la bonne distance pour votre bébé !
Vous lui changez la couche ? Vous le touchez (toucher), vous lui parlez (ouïe), vous le regardez (échanges visuels) !
Vous lui chantez une berceuse ? Votre voix, les vibrations de vos cordes vocales qu’il peut également sentir, lové contre vous !
Vous essayez de le calmer ? Savez-vous quel son produit le flux sanguin en passant par le cordon ombilical : il s’agit d’un chuintement, SCHHH, SCHHH. Et c’est naturellement ce qu’on murmure à son bébé qui pleure !
Vous le bercez en le tenant contre vous ? Vous reproduisez les balancements si rassurants de ses neuf mois de gestation !
Le Dr. Marc Pilliot, Pédiatre et ex-Président de la CoFAM – Coordination Française pour l’Allaitement Maternel) écrit dans son très bel article « Le regard du naissant » :
« C’est la mère qui va instaurer une continuité, une cohérence entre les deux mondes. Elle peut montrer le chemin, elle qui a porté l’univers antérieur de son enfant. Et c’est la sensorialité qui va ouvrir les portes. »
Alors ?! Ce que vous faites tous les jours et toutes les nuits, de manière répétitive avec votre bébé vous semble-t-il finalement si « matériel » que ça ?
A vous de voir…